The Great Adventure

9 juin 2015

La fin de l'aventure

Notre route nous a mené à Bâton Rouge, sur une autoroute construite dans la swamp. Ensuite, avec la route 61, on a rejoint l'état du Mississippi et la ville de Natchez. Entre temps, la chaleur et l'humidité n'avaient fait qu'augmenter et un rhume sorti de nulle part s'était abattu sur moi. On s'est arrêté à Natchez pour boire un café-pas-buvable et marcher quelques pas malgré l'air extérieur asphyxiant. 






Finalement, après avoir cherché l'indication pendant 15 minutes en essayant de convaincre Mathieu que 'j'allais la voir dans pas long', on a trouvé l'entrée du Natchez Trace Parkway. C'est une route dans la forêt qui traverse le Mississippi au complet, un bout de l'Alabama pour finir à Nashville au Tennessee. C'était la route la plus passante du Sud-Ouest au début du 19ème siècle. À la différence que les gens la marchait plutôt que de la conduire en campervan.


Certains tronçons du sentier de la vraie 'Old Natchez Trace' ont été préservés, dont celui où se situait le camping, dans l'ancienne ville de Rocky Springs. C'était un arrêt populaire pour ceux qui voyageaint de Natchez à Jackson en raison de la source d'eau. En 1860, la population s'élevait à 2600 habitants. Le dernier magasin a fermé en 1930, la population a baissé à 0 et aujourd'hui, il ne reste que la coquette chapelle datant de 1837 et le cimetière. Même la source qui a inspiré le nom de la ville ne coule plus. La Guerre Civile et la fièvre jaune sont venus à bout de la ville. Wyoming a démontré beaucoup de patience pendant que je lisais les panneaux explicatifs - lui c'était plutôt les buissons qui l'intéressait.







À quelques pas de la van stationnée pour la nuit, j'ai enfin réussi à voir un tatou, qui traversait tranquillement la route. Jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'on le suivait, là ça n'a pas été long qu'il s'est dandiné la carapace jusque dans un buisson.



La route était super paisible et tranquille, pas de stop, pas de lumières, pas d'autos - la paix. Ça nous rappelait le début du voyage quand on traversait les forêts des Redwoods en Californie. Ça se pourrait qu'on ait eu un petit moment de nostalgie. 



On s'est arrêté au Cypress Swamp. Le petit gars qui criait en courant sur la passerelle nous a vite donné le goût de retourner dans la van. La chaleur et mon rhume avaient réduit mon taux de tolérance considérablement.






Le prochain camping du Natchez Trace Parkway était 450 kilomètres plus loin. On a eu le temps de se rendre juste avant que le soleil se couche.  J'ai fais cuire les tacos dehors dans le noir pendant que Mathieu s'en débouchait une froide bien méritée après les longues heures de routes et mon chialage de fille malade qui a chaud. Mine de rien, on était rendu au Tennessee.


Le seul moyen de mettre de l'essence dans la van était de sortir du parc. On a prit une sortie au hasard, celle qui menait à Summertown - le genre de ville où il n'y a pas de touristes souvent, considérant à quel point on a attiré l'attention à la station-service. Un homme est venu nous jaser, mais avec son accent du Tennessee profond on a jugé qu'on gagnerait du temps à juste acquiescer en riant à ce qu'il disait plutôt que de le faire répéter 3 ou 4 fois.

Un peu plus loin à Summertown, on est passé devant une sobre affiche blanche indiquant 'The Farm' avec une flèche. Ça m'a prit deux ou trois minutes avant de comprendre pourquoi ça me sonnait une cloche. The Farm, à Summertown au Tennessee. Comme dans le livre que je venais de finir, 'A Walk Across America' - le récit d'un homme et son chien dans les années 70 qui marchent à travers le pays. Une histoire vraie, un livre que je recommande d'ailleurs grandement. Il a passé plusieurs semaines à cet endroit, The Farm, une communauté hippie-végétarienne qui faisait pousser ses légumes en plus d'avoir 1 million de principes et règles de vie digne des années 70. Étrangement, la communauté fonctionne encore aujourd'hui. On est allé au bout du rang, la curiosité était trop forte. À peine arrivé, un couple et un enfant beaucoup trop blond nous ont salué avec entrain. On a trouvé ça louche et on n'a pas voulu prendre la chance de faire embarquer dans leur secte de légumes - on est partis sur les chapeaux de roue.


On a décidé de faire les kilomètres qui restaient jusqu'à Nashville par les petites routes. C'était une belle enfilade de maisons blanches propres et pelouses taillées quotidiennement. On était loin du style débraillé omniprésent dans le sud-ouest.

Nashville, Tennessee. On s'est permis seulement d'aller boire un café dans un endroit que Mathieu me parlait depuis des mois. On s'est dit qu'on repasserait une autre fois pour s'enregistrer une toune contry.





Notre budget s'essoufflait et l'est du pays n'était vraiment pas en harmonie avec ce qu'il nous restait dans le compte en banque. Dans l'ouest, c'était facile de camper dans des supers endroits gratuitement. Dans l'est, gratuit veut seulement dire Walmart. Donc, on a décidé d'enfiler les kilomètres pour les prochains jours et de précipiter notre arrivée au Québec. Ce n'est vraiment pas comme ça qu'on aime voyager, durant notre périple on roulait rarement plus qu'une heure ou deux par jour. On aime prendre le temps, pas rouler en fous et défiler les villes sans rien voir.





On a fait un petit arrêt vite fait à Boston - amplement mérité - pour mon adorable barista-conducteur de van qui ne se laissait pas abattre par la chaleur épouvantable ni par sa co-pilote mal en point et marabout assise à côté de lui.



On a passé la dernière nuit à Augusta, dans le Maine. On a festoyé avec un restant de chili, une bouteille de vin et une boite de beignes. Au matin, la brume et la pluie nous ont suivit jusqu'à Québec - question de finir le voyage dans la même température que lorsqu'on est parti de Vancouver. Mais le Maine dans la brume, c'était plutôt charmant.





On est arrivé aux douanes un peu inquiets. On savait qu'en disant qu'on était parti 5 mois dans une van des années 80 avec un chien, on allait se faire fouiller et questionner. On ne s'attendait pas par contre à se faire dire par les policiers, l'air déçu, qu'ils n'avaient jamais fouillé une van/RV aussi rangé. À défaut d'avoir trouvé de la drogue et/ou beaucoup trop de caisses de bières, ils se sont mis à nous jaser de la van.

Instinctivement, une fois de retour au pays, on s'est arrêté au premier magasin à poutine sur le chemin. Certains peuvent penser que la poutine est un vrai cliché du Québec. Non, on s'en est vraiment ennuyé. Pour de vrai. Rien de tel pour reconnecter avec sa province qu'un bol de frites-sauce-fromage.


FIN


146 jours sur la route.
20 829 kilomètres.



3 juin 2015

New Orleans - Alligators et jazz bars


Hélène et moi nous étions mises au défi de se lever en même temps que le soleil pour une escapade photo. L'occasion valait de se décoller les yeux un peu plus de bonne heure que d'habitude.



L'aventure du jour se passait en bordure du Mississippi - les plantations historiques de canne à sucre. Des centaines de plantations qu'il y avait à l'époque, seulement quatre ont été préservés. Ces endroits sont un étrange contraste entre la richesse des maîtres et l'esclavage qui était très présent dans cette partie du sud des États-Unis. La route longeait le célèbre cours d'eau, traversant des villages parfois mignons, parfois misérables.



Les domaines sont d'une beauté architecturale incroyable. Par contre, on ne pouvait pas s'empêcher de penser aux milliers d'esclaves qui travaillaient dans les champs de canne à sucre dans une chaleur accablante comme il faisait ce jour-là. Ça remet en perspective ceux qui se plaignent de leur job 9 à 5.






S'il y avait une chose sur laquelle on s'entendait tous comme un incontournable de la Louisiane, c'était le Swamp Tour. Capitaine Charlie nous a amené sur son bateau dans les bayous qu'il appelle familièrement sa cours arrière, l'endroit où il a grandit. Et Capitaine Charlie, il savait de quoi il parlait et en plus il nous jasait ça avec son gros accent typique du sud de la Louisiane.



Pendant que Charlie chauffait son bateau d'une main agile, on a pu voir plein de petits shacks de pêche dans un état précaire, des serpents camouflés dans les arbres, des cochons sauvages qui couinent et finalement, des alligators. Rien de mieux qu'un paquet de saucisses hot-dogs pour les amadouer. Par moment, le bateau se faufilaient tranquillement entre les branches d'arbres pleines de mousse. Mais Charlie savait aussi pesé sur l'accélérateur pour nous mettre du vent dans les cheveux comme il faut. J'étais loin de me douter qu'une swamp c'était aussi coquet.

On a tous été conquis par Charlie et sa swamp authentique louisianaise. Nos attentes relatives aux alligators ont également été comblées.














On a finit la journée et par le fait même notre aventure en Louisiane par du jazz sur la rue Frenchmen à New Orleans. C'était autant animé dans les bars qui se succédaient les uns après les autres que dans la rue. Chaque bar était attirant, on est entré dans un, un peu au hasard, accueilli par le jazz du band sur la scène et l'air climatisé on ne peut plus apprécié. Clairement, chaque jour est un prétexte de fête ici.





On a porté l'inévitable toast de boire un verre tous ensemble dans un bar jazz de New Orleans avec beaucoup d'enthousiasme. Une fois les verres vides et l'heure du changement de band, on est retourné dans la rue. La température n'avait toujours pas chuté et le band à l'intersection des deux rues continuait à jouer avec vivacité. Personne n'aurait pu dire qu'on était en début de soirée, un mercredi tellement c'était animé.







On s'est laissé entraîner dans un bar quelques portes plus loin. Un joueur costaud de trompette et un chanteur à la voix pareille à celle de Louis Armstrong nous ont envoûté. Du vrai bon jazz comme on se l'imagine quand on pense à New Orleans. On s'est recommandé une boisson rafraîchissante et un mac'n'cheese cajun et honnêtement c'était un moment à s'y méprendre avec la perfection.



Plus tard, on a erré au hasard dans les rues, question d'essayer d'absorber tous les détails et l'ambiance de cette ville incroyable. Définitivement une de nos favorites du voyage, et on est encore plus heureux d'avoir découvert cette ville avec des amis aussi charmants.

On voit l'inévitable fin de notre aventure arriver beaucoup trop rapidement. La Louisiane était la dernière étape avant le Québec. Dans quelques jours, on entendra parler français à l'épicerie. Le lendemain matin, dans la chaleur toujours écrasante, Hélène et Dominic sont partis d'un côté et nous de l'autre, en se disant à bientôt pour un prochain souper dans la ville de Québec.



Quelques unes des photos ont été prises par la talentueuse Hélène Bouffard. Merci!