The Great Adventure

24 février 2015

La Route 66 en Arizona

La Route 66. Sur une trajectoire diagonale, elle relie des centaines de villes et minuscules villages entre Chicago et Los Angeles. Elle traverse 8 états, couvrant 2448 miles et elle est remplie d'histoire. Des milliers de gens l'on parcourue dans les années 30 et 40 pour migrer en Californie, en quête d'opportunités. C'était la voie d'accès pour les soldats et les équipements militaires durant la seconde guerre mondiale. Et puis c'est devenu le chemin de prédilection pour les vacances en famille dans les années 50 et 60. Elle a été pavée en 1926 et entièrement contournée par l'Interstate 40 en 1984. Se faire contourner par l'autoroute veut souvent dire que les villes vont tomber dans l'oubli total. 

Quand 90% de l'économie locale repose sur des motels et restaurants à 'Burgers-Fries-Shakes', c'est effectivement plus difficile de rester prospère quand plus personne ne traverse la ville. La meilleure solution semble être d'ajouter 'Route 66' au nom de chaque commerces et d'y mettre autant de vieilles affiches rétro que possible. Les touristes et les nostalgiques aiment ça. Moi en tout cas ça m'a rendue hystérique de bonheur. On a timidement participé à l'activité économique d'une de ces villes - 2 cheeseburgers, frites et Root Beer. Parce que franchement qui roule sur la 66 sans s'arrêter pour un burger. 


Williams en Arizona est la ville qui a tenu son bout le plus longtemps. C'est aussi là qu'on a snobé l'autoroute pour savourer nos premiers kilomètres rétro. Il est devenu impossible de parcourir les 2448 authentiques miles de la Route 66. Plusieurs sections n'existent plus ou font parties de l'autoroute ou sont dans un état désastreux. L'Arizona est l'état dans lequel il y a la plus grande section continue, et c'est avec plaisir qu'on l'a parcourue avec grand respect pour l'histoire. 

Seligman, population 500, est un beau cliché de la Route 66. Visiblement, le monde se couche de bonne heure ici. Il ne se passe rien à part les autobus d'asiatiques - et campervan canadien plaqué au B.C. - qui débarquent sur la Main pour mitrailler de photos chaque magasins avec une enseigne de la Route 66. Le barbier de la ville, Angel Delgadillo, a vécu ici toute sa vie et il est le fier leader de l'Association de la Route 66 qui milite pour la protection, la préservation et la promotion de la Route 66. Son frère a ouvert le Snow-Cap Drive-In juste à côté. Célèbre pour ses 'Cheeseburgers with cheese' et 'Hamburgers without ham'. C'est avec une grande tristesse au cœur qu'on s'est rendu compte que c'était fermé. Ça faisait juste 2 heures que je cassais les oreilles à Mathieu avec mon envie de cheeseburger. On s'est reprit un peu plus loin.






Les villes de Peach Springs et Hackberry se passent sincèrement de commentaires. Pas que je ne veux pas leur faire honneur, mais il n'y avait pas beaucoup de fierté là. La route était magnifique par contre. Elle parcourrait les champs et les montagnes en arrière-plan. En plus le soleil et le ciel bleu étaient dans notre équipe cet après-midi-là. Après un éprouvant 36 heures de neige, rien de pouvait nous rendre plus heureux. Je gardais un regard très attentif sur la route, tout ce qu'il y avait à voir à Peach Springs c'était une vielle station-service et je ne voulais surtout pas la manquer. Ça aurait été scandaleux. Après avoir manqué la vieille station-service de Peach Springs parce que j'avais été distraite - comme d'habitude - par autre chose, je me suis concentrée sur la prochaine ville fantôme, Hackberry, où il n'y avait franchement pas grand chose à voir. J'ai vu l'intégralité de ses 4 bâtiments abandonnés. Ça s'est passé tellement vite qu'aucune photo n'a pu être prise.




Finalement, c'est à Kingman que mon rêve de cheeseburger s'est réalisé - chez Mr. D's Route 66 Diner. Root Beer maison à volonté - Mr. D savait comment nous faire plaisir. Kingman est la seule 'vraie ville' dans un très large rayon. C'était un arrêt majeur de la Route 66 dans le temps où la Route 66 était une destination un peu plus fleurissante. La route a beau avoir perdue de son éclat et sa popularité, moi j'étais quand même à mon summum de l'excitation chaque fois que je voyais le vieux signe de la 66 peinturé sur l'asphalte ou n'importe quel vieux restaurant/motel/bâtiment non-identifiable qui tient à peine debout mais qui porte des traces de la mythique route. Pour ceux dont c'était encore un peu ambigu jusqu'à maintenant, j'étais en train de vivre un rêve.



Mon frère était dans le coin de Las Vegas au cours de la prochaine semaine. Pas dans un but d'alcool/danseuses/jouer son loyer au Black Jack - plutôt pour le vélo de montagnes avec un pote. On les a laissé vivre la luxure d'un motel-casino/buffet-à-12$ à Boulder City et on s'est entendu pour les rejoindre à Red Rock Canyon pour une expérience plus rudimentaire - le camping. On a roulé vers le nord sur la 93 pour sortir de l'Arizona, quand même avec un soupçon de mélancolie. On a vraiment adoré l'Arizona. Le dernier endroit où on a couché est à Chloride, dans une belle forêt au pied des montagnes.

Chloride, pour ceux qui se le demande, est une ville assez tranquille depuis la fin des activités minières il y a de cela 75 ans. L'un des attraits de Chloride est 'l'art folklorique' que l'on peut observer dans la cours arrière des résidents. Quand à moi c'est juste une façon poétique de dire que le monde qui reste là on pas mal de cochonneries sur leurs terrains.




23 février 2015

De la neige en Arizona





On a commencé à voir apparaître les Red Rocks de Sedona au loin. La forêt Kaibab nous a logé pour la nuit, en nous offrant même une vue au loin des montagnes rouges. C'était chouette, mais rien à voir avec la vue d'où on a couché le soir suivant. Quand on dit que les campings gratuits c'est les meilleurs.



Est finalement venu le moment où Sedona était le plan de la journée. Je m'attendais à des grosses roches rouges - mais pas à ce point là et surtout pas si près de la ville. C'est assez surréaliste de rouler dans les rues de Sedona avec un décor comme ça. Sedona attire une variété de gens: les sportifs qui veulent aller jouer dans les montages rouges, les artistes qui veulent peindre un tableau du paysage et les spirituels qui veulent profiter de l'énergie émise par la nature. Avoir été tenté par un voyage spirituel ou une guérison par la médecine nouvel age, on avait ici l’embarras du choix. Il y a même des vortex, non pas d'eau ou de vent mais d'énergie spirituelle.  Apparemment l'énergie y est très forte et facilite la méditation. C'est intéressant, mais ce n'était pas dans nos plans. On a plutôt choisit de monter une montagne - la Doe Mountain. Je ne crois pas qu'une description de la randonnée peut s'avérer intéressante à lire quand on a des photos à la place. 
















Au centre de visiteurs plus tôt ce matin-là, après avoir eu les informations qu'on voulait le gars a commencé à s'intéresser à l'endroit où on allait coucher ce soir-là. Il nous proposait une chambre d'hôtel normalement à 175$ pour seulement 10$. J'ai tout de suite vue l'opportunité de pouvoir me laver les cheveux dans une salle de bains luxueuse - juste me laver les cheveux est un luxe ces jours-ci. L'attrape la-dedans c'est qu'on devait ensuite assister à un discours de vente de 2 heures pour devenir membre de leur club-hôtel  luxueux. Mathieu et moi on a préféré retourner coucher gratis dans le bois. Les cheveux toujours sales.



Je serais resté à Sedona toute la semaine mais on avait d'autres plans et on devait aller vers le nord. Le but était de passer Flagstaff le plus vite possible. Dû à son élévation de 7000 pieds, la température de Flagstaff n'a rien à voir avec le sud de l'Arizona. Et il annonçait sous zéro dans les nuits à venir. On a donc fait de notre mieux pour se sauver de ça et on pensait que c'était gagné quand on s'est arrêté à Wupatki National Monument. Pendant qu'on visitait les ruines, on s'est même surpris à chialer qu'il faisait chaud. Pendant que j'y suis on s'est ramassé à Wupatki parce que j'ai oublié de dire à Mathieu de tourner pour la route où on devait camper. Des fois mes erreurs font bien les choses.




Au loin, on s'est rendu compte que c'était le Painted Desert. Et tant qu'à être là, aussi bien aller visiter les ruines. Ce sont les ancêtres des Indiens Hopi qui habitaient ici dans les années 1100-1225. Les Hopi occupent une grande partie du nord-ouest de l'Arizona.


On a campé près des ruines, dans la forêt Coconino. Ça se pourrait qu'on ait trouvé plusieurs morceaux archéologiques de poteries. Ça se pourrait qu'on en ait gardé un. Et ça se pourrait que l'univers a voulu nous punir de notre acte en nous envoyant une tempête de neige ce soir-là. On s'est réveillé dans un féerique décor blanc. Pas un semblant de neige mouillé comme à Vancouver. De la vraie belle grosse neige qui colle au branches des arbres. On a trouvé ça charmant quelques instants jusqu'à ce qu'on prenne la route et qu'on réalise que notre projet du jour - le Grand Canyon - est probablement compromis. Qui aurait cru qu'on aurait eu besoin de pneus d'hiver en Arizona.




On a roulé 25 miles, jusqu'au truck-stop de Cameron. Impossible d'aller plus loin. La neige ne s'arrêtait pas de tomber et c'était pire au Grand Canyon. On fait des allers-retour entre les 3 commerces de la ville. Un brin de soleil nous a excité et on a roulé jusqu'à Tuba City, c'est l'endroit le plus près - 1 heure aller-retour - où on peut avoir wifi et s'informer de la météo des prochains jours. On a passé la journée dans la Réserve Indienne Hopi où on a pu constater que malgré le magnifique paysage, c'est vraiment cabochon ici.





À 1h de l'après-midi il a fallu se rendre à l'évidence - il faut oublier le Grand Canyon et on est coincé à Cameron pour la nuit. Dans un truck-stop. Dans la neige. Dans le froid. Je pense qu'on s'est couché à 7:30 ce soir-là. Et cibouleau qu'on a gelé. 

Au matin, la neige avait beaucoup fondue. Mais quand on a reprit la route, elle s'est remise de la partie. On a refait la route vers Flagstaff et on est parti vers l'ouest, espérant ainsi fuir le froid. Flagstaff est sur la Route 66 mais la ville a beaucoup changé depuis l'époque glorieuse de cette mythique route. Toutes les affiches lumineuses ont été retirées afin de combattre la pollution dû aux lumières. Flagstaff se vante d'être la première 'Ville Internationale du ciel noir'. C'est très noble, mais moi j'aime ça les vieilles affiches au néon.

18 février 2015

Arizona: déserts, montagnes et fusils

De Tucson, l'ancienne route 79 nous a amené à Casa Grande Ruins National Monument. C'est les ruines d'une maison de 4 étages construite en boue dans les années 1350 par un peuple préhistorique connus comme les Hohokan. La maison a été abandonnée autour de 1450 pour une raison inconnue et toutes sortes de théories sont proposées.  L'endroit a été abandonné à nouveau et redécouvert vers 1700. Beaucoup de gens qui sont passé par là dans les années 1800 ont gravé leur noms sur les murs, comme certains le font encore aujourd'hui sur les portes des toilettes publiques. 

La route Apache Trail dans la Tonto National Forest est absolument magnifique. On a fait le saut quand on a vu le Canyon Lake. Les lacs ne courent pas les rues en Arizona. On a passer le micro-village Tortilla Flat, population 6, qui est en fait juste une excuse pour attirer les touristes. Le paysage était déjà assez attirant comme ça, on n'a pas jugé nécessaire d'arrêter. On est quand même resté 2 jours dans le coin - on a trouvé un emplacement de camping paradisiaque et gratuit. La vue était juste incroyable. 





On était très occupé à profiter de la vue quand une autre van s'est stationné un peu plus loin. Le gars est venu sympathiser et nous avertir qu'il allait pratiquer son tir au pistolet. Parce que, comme il nous a dit, le secret c'est la pratique. Il faut être prêt, sinon comment on peut espérer se défendre? L'Arizona est étrange pour ce genre de personnes-là qui se promènent avec un fusil à la ceinture 'pour se défendre'. En tout cas on n'avait pas à s'inquiéter, Joe s'occupait de notre défense ce soir-là. En plus Joe est bien plus futé que les autres, il s'est acheté un pistolet avec 7 balles plutôt que 6, pour surprendre l'adversaire 'contre qui il se défend'. On n'a pas tellement bien compris de qui il se défendait, mais on n'a pas jugé adéquat de demander.

On a croisé beaucoup de gens avec des couteaux et des pistolets à la ceinture. Et le pistolet placé à gauche, question de pouvoir le saisir avec la main droite rapidement. Pour nous, c'est assez difficile de comprendre comment ça fait du sens pour quelqu'un d'enfiler son pistolet sur sa ceinture avant d'aller chez Walmart. On a jasé avec un gars à Benson pendant qu'on sortait du spa et qui nous disait qu'il ne voulait pas aller en Californie parce qu'il ne peut pas apporter tout ses fusils là-bas et qu'il ne veut pas aller à New York ou Montréal parce que c'est trop dangereux comme villes... 



De Apache Junction, on a traversé vite fait Pheonix. On avait lu que les autoroutes étaient excessivement mêlantes et rien ne nous attirait particulièrement dans la ville alors on n'a pas insisté. On a prit une route magnifique à l'ouest de Phoenix pour aller jeter un coup d’œil à Wickenburg. On a arpenté deux ou trois rues de cette vielle ville minière à l'esthétique western et une fois que j'ai eu convaincu Mathieu de me laisser prendre une photo de lui à côté de la sculpture du 'Monsieur et sa mule', je sentais que rien d'autre dans la ville ne pourrait être mieux que ça alors on est repartis. 



On a couché à Congress, une autre ancienne ville minière dont les jours de gloire sont définitivement dans le passé. Avec un nom de rue comme 'Ghost Town Road' il ne faut pas s'attendre à trop d'action. On a campé sur le haut d'une petite montagne, près du vieux cimetière des pionniers de Congress. D'aimables gens nous ayant précédés nous ont même laissé un vieux tas de planches qu'on a brûlé avec plaisir. Notre premier feu arizonien. Mis a part les 'roulottes-maisons' éparpillées dans la montagnes, il n'y avait pas grand restants de cette ville autrefois prospère.







Étant donné qu'on choisit toujours l'alternative à l'autoroute, cette fois-là ça nous a amené sur une magnifique route sur la parois d'une montagne. Quand on est partis, on était à une élévation de 2000 pieds. Une heure et demi plus tard, on était dans la Forêt Prescott à 5500 pieds d'altitude. La route était en constante ascension. La ville de Jerome a été un fantastique divertissement. Ancienne ville de 15 000 personnes, les choses ont changés quand les mines de cuivre ont fermé en 1953. Maintenant, 450 personnes ont domiciles sur la parois de la montagne Mingus - principalement des artistes-hippies. Ça semble être la tendance pour les villes fantômes minières. La route se faufile encore une fois entre le ravin et la maison bâtie sur la parois de la montagne, laissant un espace de manœuvre des plus restreint pour les chauffeur de campervan. La ville est bâtie sur 3 niveaux, la route nous gâte donc de 3 épingles bien serrées pour sortir de là. Absolument féerique, sauf pour la personne qui conduit.