The Great Adventure

12 décembre 2014

La van version bonifiée

L'ÉLIMINATION DU ROSE

On aurait pu conserver l'intérieur de la van intact. Difficile par contre de se sentir chez-soi dans un univers de velours rose.

On a commencé le projet lentement. D'abord par les rideaux. Je me suis dit que ce serait simple de coudre un carré de tissu et du coup ça éliminait le tiers du problème. J'ai même mis un certain plaisir à fabriquer ces rideaux.

Mathieu a exaucé mon souhait d'avoir une bibliothèque dans la van. Cet homme sait me rendre heureuse avec 2 planches de bois et 3 cordes bungee.

Le propriétaire précédent se trouvait bien futé d'avoir installé à l'arrière de la van une tablette épaisse comme un kleenex. Ça n'a pas été très long que Mathieu a arraché ça et nous a construit une vraie tablette avec la planche qui servait de lit en haut de la cabine. Il était absolument hors de question qu'on aille se coucher là-haut de toute façon. Une sublime feuille de liège recouvre le dessous de la tablette et donne à ce coin de la van une ambiance douillette plutôt que cabochon.

Ensuite on a régler le cas de la bande de tapis mural. Pas juste parce que c'était rose, mais parce que c'était du tapis rose probablement plein de gras de bacon. Mathieu en a même profité pour nous construire des barquettes en bois question d'avoir du rangement qui ne sente pas la vieille affaire.

En arrachant le velours du toit de la cabine et des portes, on s'est rendu compte qu'à l'origine tout était en préfini brun comme dans un sous-sol des années 70. J'ai songé à récupérer ce précieux matériau, mais les dommages étaient irréversibles. Je me suis acheté une agrafeuse et j'ai recouvert tout les panneaux de la cabine d'un tissu qui donne moins mal au cœur. J'ai aussi eu l'ingrate tâche de décoller le tapis des portières et de la patante en plastique qui cache le moteur entre les deux bancs. Quelle idée d'aller coller du tapis là.

Entre temps j'ai commencé à me faire à l'idée que j'avais cinq coussins à coudre et que je n'avais pas la moindre idée comment faire ça. Mais j'avais Mathieu qui croyait en moi. Ça et aussi le fait qu'on avait vraiment hâte de voir disparaître les fleurs roses de nos banquettes. Je me suis donné la mission d'en faire un par semaine. Je croyais que mes talents de couturière iraient en s'améliorant. Je dirais plutôt que mes blasphèmes allaient en augmentant. J'ai tout de même tenu parole, cinq coussins en cinq semaines. Disons que les coins du dernier coussin sont plus ronds que carrés, mais concentrons-nous plutôt sur le fait que c'était un pas de plus vers l'élimination du rose.

Pendant que la machine à coudre jouait avec ma patience, Mathieu m'impressionnait avec ses talents d'ébéniste. Précisons que la van était stationné dans la rue, à plusieurs minutes de marche de l'appartement et que nos seuls outils étaient un tournevis et une scie sauteuse empruntée. Et faire la coupe de juste une planche représentait l'activité d'un après-midi au complet. Imaginez quand la-dite planche est coupée 1/4 de pouce trop petite.

On voulait changer le tapis rose au sol dans la cabine, mais on a pas réussi à se convaincre d'entreprendre un projet de cette envergure dans la rue. On a plutôt opter pour l'étrange idée de le peinturer. Nous étions assez sceptiques au départ mais Mathieu a fait ça comme un champion. Une affaire de moins rosé.

Puis, la fin de l'été est arrivée et les deux sièges avant hurlaient leur désespoir d'être encore rose. C'est là que j'ai commencé l'expérience la plus exaspérante de ma vie: faire des housses de sièges. Malgré les efforts, les colères et les recommencements, j'y peut rien ça ressemblent malgré tout à des housses de cabochons. Avec le recul, je me réconforte en me disant que les sièges ne sont plus roses et j'essaie de trouver une quelconque satisfaction dans le fait que je les ai fait moi-même pour une poignée de dollars.

Le derrière des accoudoirs était la dernière trace de rose. À moins qu'on irait vivre dans la van maintenant?

















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