The Great Adventure

4 septembre 2014

Route 101 Oregon

LA CÔTE  DE L'OREGON

On a tenté de faire Vancouver - Portland aussi vite que possible, ne s'arrêtant que pour de l'essence et des cheeseburgers. J'ai conduis les kilomètres de départ, les mains bien aggripées sur le volant, le corps crispé et clignant des yeux une fois par heure. Mathieu conduit la van plein de confiance, moi j'ai encore du chemin à faire. Après une heure ou deux de route, la vent a commencé à pogner dans la van et je me suis mise à suer des mains. 3/4 de tonne dans le vent sur l'autoroute, ça m'a foutu la chienne. C'est avec bonheur que j'ai regagné le paisible siège passager.

L'arrêt à Portland avait simplement pour but de remettre à niveau notre stock de café et d'acheter des souliers pas de taxes. Ça faisait des semaines que je louangais mes sandales de hippie en liège à Mathieu. Je lui ai tellement cassé les oreilles que ça lui en prenait une paire le plus vite possible. Maintenant qu'on a les même sandales et les même lunettes de soleil, j'espère juste que nos personnalités ne fusionneront pas et qu'on ne commencera pas toute nos phrases par 'nous'.

Le soleil n'allait pas se coucher avant un petit moment encore et on voulait vraiment voir l'océan cette journée-là alors Mathieu a clanché jusqu'à la côte. Clancher n'est probablement le mot le plus approprié considérant qu'on va rarement plus vite 90km/h. On a réussi à rejoindre Lincoln City au moment où le ciel tournait orange. On a foncé en ligne droite vers l'océan, stationné n'importe comment et couru se régaler visuellement du Pacifique. Étant donné que ça aurait été un très mauvais timing pour récolter un ticket de stationnement, on a regagné la van et on a commencé l'exaspérant jeu de trouver un camping en pleine fin de semaine de la fête du travail.


On a dû s'éloigner de la ville un peu pour se donner une chance. C'était 'No Vacancy' après 'No Vacancy'. On a remit ça entre les mains du GPS, qui nous a amené dans un rang louche. Il faisait noir, on avait faim et Mathieu en avait sa claque de conduire. Et puis là comme ça, sorti de nulle part, un camping. Dans le genre cabochon le camping. Le gars nous dit d'aller là où on trouverait de la place, dans le rang à gauche avant le pont. On a trouvé quelque chose qui nous semblait bien parfait pour la nuit, le terrain déjà au niveau et 3 minutes plus tard les steaks cuisaient dans la poêle de fonte.

Le lendemain matin le soleil s'en donnait à cœur joie à travers les rideaux. J'ai regardé dehors et me suis rendue compte qu'on avait dormi sur le bord d'un champ dans le stationnement des remorques à bateaux. On dira ce qu'on voudra, mais c'était probablement le spot le plus paisible du camping.


On a reprit la 101 direction sud, s'arrêtant autant que possible pour s'extasier devant les vagues imposantes, les baleines grises et manger des sandwiches pain blanc-beurre d'arachide. La 101 n'est pas une route pour les pressés. 3 véhicules sur 4 sont des RV et tout le monde roule en dessous de la limite de vitesse. En 1967, le gouvernement de l'Oregon a eu l'excellente idée de rendre publique l'accès aux plages de la côte en retour de l'annulation de la taxe foncière. La route s'étend sur 585 kilomètres de plages, de pittoresques villages de bord de mer et de paysages hallucinant. C'est un genre de route beaucoup plus approprié pour notre van que le centre-ville de Vancouver.





On aperçoit au loin les dunes de sable de Florence. On va faire un tour en ville, ce qui se résume à un cornet de crème glacée, une tarte aux pêches achetée dans un petit marché extérieur et une photo du pont. On s'enligne pour le prochain camping où on passera la nuit, à quelques pas de l'océan. Mathieu me convainc de prendre les longboards pour se rendre aux dunes. Je fais mon possible pour le suivre et pour ne pas me sacrer devant les autos qui s'en viennent. Il vente intensément sur le bord de l'eau mais on ne se laisse pas impressionner et on s'aventure dans le sable lisse. Après une dizaine de minutes, on a à peu près 3 kilos de sable dans les souliers.










Notre horaire nous oblige malheureusement à retourner tranquillement vers le nord le lendemain matin. On remonte la 101, je ne crois pas qu'on peut se lasser de cette route. On fait un bref arrêt à Newport, charmant village historique qui pue le poisson. Les lions de mer hurlent sur leurs quais, je prends quelques photos et on va se rasseoir dans la van.




On avait prévu camper à Ocean City, mais on n'a jamais trouvé le lieu en question alors on s'est pas trop embêté avec ça et on a roulé jusqu'au prochain camping. La dame au comptoir m'informe du tarif exubérant pour la nuit. Ma réaction faciale a dû être plutôt intense parce qu'elle m'indique ensuite 2 ou 3 autres campings un peu plus loin qui sont plus abordables. Abordable étant un mot ici très relatif.




On se rend à Whalen Island, presque désert donc on a l’embarras du choix. L'endroit est joli mais le prix est abusif considérant qu'il n'y a pas de douche et que la toilette est douteuse. On se dit qu'on paye pour la vue sur le lac et la paix. Mathieu joue avec le barbecue pendant que je cherche le coucher de soleil. On s'ouvre une bière et on s'en met plein les dents avec les épis de blé d'inde. Le feu crépite et on finit la soirée dans notre douillette van.



L'objectif de notre avant-dernière journée est de se rendre le plus loin possible dans l'état de Washington. On passe plusieurs petites villes plus ou moins touristiques et/ou délabrées mais toujours charmantes. La route est parfois juchée sur une falaise, d'autres fois à quelques pas de la plage, mais toujours l'océan est juste là. On quitte l'Oregon à Astoria, aussi synonyme de très long pont et cauchemar pour Mathieu. 6.6 km de contemplation pour moi, 6.6 km de blasphèmes pour Mathieu. Une fois de l'autre bord, je l'ai récompensé d'une belle sandwich aux tomates toastée.










Cet après-midi là, j'ai fais une promesse à Mathieu.

On était rendu creux dans une quelconque région de Washington. Après une succession de villages miteux on a finit par trouver un guichet automatique. J'ai hésité un petit instant avant de mettre ma carte là-dedans, la machine semblait avoir eu quelques antécédents malhonnêtes dans le passé. Finalement j'y suis allé d'un classique 'advienne que pourra', j'ai pris mon argent et suis sorti aussi vite que possible en évitant tout contact visuel avec la clientèle douteuse du dépanneur.

Maintenant qu'on avait réglé le problème de liquidité, il fallait régler le problème du logis. Pas de camping à l'horizon. Indications routières abstraites. Le GPS nous en suggère un. À défaut d'un meilleur plan on prend celui-là. Après plusieurs kilomètres sur la route, une affiche nous informe qu'il y aura un camping, différent de celui qu'on cherche, à un moment donné si on tourne à droite. Pensant sauver du temps, j'informe Mathieu du changement de plan: on tourne à droite. Après plusieurs kilomètres sur une route où il est bien évident qu'il n'y a pas de camping, on remarque qu'à l'heure qu'il est, on serait déjà arrivé à l'autre camping. J'informe Mathieu du changement de plan: on s'en va au camping initial. Logiquement, on aurait dû rebrousser chemin. À la place, je suggère à Mathieu de prendre le petit rang de terre à gauche, c'est surement un raccourci. Après plusieurs kilomètres sur une route pas du tout destinée à une van comme la nôtre, Mathieu prend le contrôle de la situation et rebrousse chemin. On se rend finalement au camping qu'on devait aller en premier lieu, mais 1 heure plus tard que prévu. C'est à ce moment-là que Mathieu établit une nouvelle règle: à partir de maintenant et pour tout le temps, on s'en tient au plan initial. Promis, Mathieu.

Le camping est désert et on jongle avec l'idée d'ignorer la petite enveloppe dans laquelle on doit insérer notre paiement. Mais ma peur d'abîmer notre bon karma prend le dessus et je paie notre dû.


On n'est pas très fans des réservations, même lorsqu'elles sont fortement recommandées. On devait prendre un traversier de Port Townsend à Coupeville pour sauver quelques kilomètres. Près du port, plusieurs affiches nous informaient que sans réservations, on était pas mal idiots de s'imaginer qu'on pourrait prendre le prochain bateau. On avait aucune idée des horaires, tarifs ou même si on pouvait traverser avec la van. Mais, on avait notre bon karma. Comme de fait, on est arrivés 5 minutes avant le prochain départ et on a pu embarquer sans problème. Ça a valu la peine de payer le camping de la nuit dernière.



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