The Great Adventure

18 juillet 2012

Devenir vancouvérois


Jour: 19 et 20 (18 et 19 juillet)
Km: 274
Km conduit par Mathieu depuis le Jour 1: 7 128
Km conduit par Geneviève depuis le Jour 1: 0 (oui mais, c'est parce que le PT Cruiser est manuel)
État: 1 (WA)
Province: 1 (BC)
Café de la journée: Vivement qu'on arrive à Vancouver pour goûter leurs mérites dans le domaine du café. On patiente avec l'excellent éthiopien lors de notre pique-nique matinal.
Localisation nocturne: Surrey, BC

Nos péripéties américaines prennent fin le 18 juillet, juste après avoir mis le plus d'essence possible dans la voiture. Le litre nous aura coûté en moyenne 90 cennes durant notre parcours de l'est vers l'ouest, une économie faramineuse par rapport au prix du litre canadien.

On traverse la frontière après une fouille du véhicule. Ils ne nous ont pas crus lorsqu'on a répondu qu'on ne transportait ni drogue ni 20 000$ en argent liquide dans le coffre à gants. J'imagine que l'odeur omniprésente de serviette mouillée dans la voiture et l’habitacle encombrer au maximum les ont décourager de fouiller en profondeur en quête de liasses de billets et/ou possessions clandestines. On a pu réintégrer le PT après un merci dans un français écorché du policier.

De retour dans notre pays, on est excités malgré le fait que dans l'immédiat, les arbres qu'on croisent et l'asphalte sur laquelle on roule sont en tout point pareils à leurs voisins de l'autre côté de la barrière. Les états et les provinces devraient faire un petit effort pour que les premiers kilomètres une fois la douane passée soient à la hauteur de notre enthousiasme de voyageurs. C'est une simple idée.

Nous campons à Surrey, principalement parce que c'est le camping le plus près de Vancouver, et non parce qu'il y a un étang avec des canards. On nous envoi dans l'extrémité la plus éloignée des commodités, comme si le fait qu'on dorme dans une tente voulait dire qu'on avait aucun intérêt pour les douches et les toilettes. On est quand même pas des hippies-nudistes-écologiques. Je m'égard en allant à la douche, je m'égard en revenant à la tente. Selon Mathieu, ce n'est pas parce que les chemins partent dans n'importe quel sens et qu'on est à 30 minutes en jogging des salles de bain, mais plutôt parce que j'ai le pire sens de l'orientation du monde. Je me suis rendue compte que j'avais échappé mes petites culottes en chemin, mais où? Le soleil commence à se coucher et je n'ai pas envie dormir dans une plate-bande pleine de flamants roses et de chevreuils en plastique parce que je me serais perdue, encore. J'amène Mathieu et on rebrousse chemin ensemble.

On doit partir tôt le lendemain matin pour des visites d'appartements. Nous sommes en pleine tentative de sommeil tandis que les deux pré-adolescentes à côté de nous ont choisis de nous faire partager leur passion pour la musique hip-hop avec leur iPod. Ce soir-là, on a prié très fort pour trouver rapidement un appartement qui serait libre immédiatement.


Et c'est ce qui s'est passé! L'appartement de notre premier rendez-vous de la journée est celui qu'on a choisi. Dans le quartier West End, à quelques pas de l'English Bay, d'une ribambelle de plages, des festivités, du Stanley Park, du pont pour aller à Kitsilano et des rues pleines de magasins qui vendent tout ce qu'on peut avoir besoin dans une vie.


On est fier d'avoir pris notre rêve au sérieux et heureux d'avoir profiter des paysages et des villes de notre route vers l'ouest. Les aventures de la vie vancouvéroise peuvent maintenant commencer.






17 juillet 2012

Fraîcheur inadéquate près du Pacifique


Jour: 18 (17 juillet)
Km: 274
État: 1 (WA)
Café de la journée: On boit notre café durement moulu avec plaisir, mais on commence à avoir hâte de sortir la machine espresso de sa boîte. Dans quelques jours!
Localisation nocturne: Kent, WA

Une brise un peu trop fraîche à notre goût et une corneille beaucoup trop enthousiaste nous accueille ce matin. On savoure notre boisson chaude avant de rouler notre maison portative dans son sac et de saluer notre voisin gypsy. C’est très frais ce matin, mais l’océan pacifique est si près que ce serait absurde de l’ignorer. Il n’y a que deux ou trois courageux sur la plage. Cet endroit est magnifique, c’est désolant de devoir porter un trench coat pour clopiner sur le sable et contempler cette eau à perte de vue.


Après une seconde inquiétante où j’ai cru que le PT Cruiser était embourbé dans le sable, on reprend la route, du moins jusqu’à la prochaine station-service. On va certainement s’ennuyer de faire le plein en échange de si peu de dollars. Notre voyage tire dangereusement à sa fin. Les miles qui nous séparent du Canada sont de moins en moins nombreux. On entre et on sort dans quelques petits villages de bord d’océan. Mathieu capte un radio-roman on ne peut plus cliché sur la bande FM. Jack, le monsieur gentil dans l’histoire, était à la recherche du terrible voleur de bijoux. On n’est pas certain de la fin de l’épisode étant donné qu’on a perdu le signal, mais puisque je suis une fan des histoires qui se terminent bien, disons que Jack a retracé le voleur et remis les bijoux à la propriétaire, de qui il est tombé amoureux.

On approche Seattle avec Nirvana dans tapis. Ça nous semble être la trame sonore la plus appropriée, c'est très concept. On hésite, s’arrêter ou y revenir une autre fois. Après tout, Seattle est à 150 minutes à peine de Vancouver. L’argument «financier» nous fait entendre raison, Seattle sera une destination ultérieure. Étant donné qu’elle passe dans la ville, l’autoroute nous donne quand même un léger avant-goût.


Pour le moment, Kent est une ville plus à l’image de notre budget. Il y a peu de choses à dire au sujet de cet endroit. Probablement que son plus grand attrait est d’être près de Seattle. On découvre la ville le temps de trouver notre camping et ce sera amplement suffisant. Il s’agit d’un camping touristique rempli de roulottes alignées les unes sur les autres. Les trois terrains réservés pour les tentes sont évidemment occupés. On nous informe qu’il ne reste que l’option de la section gazonnée de type «camping libre» ou en d’autres mots «piquer votre tente n’importe où sur le bord là-bas avec les autres». Je tends ma Visa en ayant pleinement conscience que nous sommes en train de payer beaucoup trop cher pour dormir dans une tente à côté d’un buisson louche et d’une route principale très prisée des camions de type poids lourd affectés au transport de marchandises.

On dresse la tente dans le temps de le dire. On commence à avoir la main comme on dit. Un spectacle fort divertissant s’offre à nous, c’est au moins l’avantage de partager ce bout de gazon avec plusieurs autres campeurs. Une femme tente, à une lenteur incroyable, de faire entrer dans sa valise une quantité faramineuse de vêtements. Installés dans nos chaises pliantes au confort quelconque avec un petit whisky à la main, on alterne nos regards entre nos bouquins et cette femme qui a une belle soirée devant elle. Mathieu fini sa lecture de Volkswagen Blues. Comme eux, nous avons terminés notre aventure de l’Oregon Trail.



16 juillet 2012

Le gypsy et ses huîtres


Jour: 17 (16 juillet)
Km: 256
État: 2 (OR, WA)
Café de la journée: Cappuccino chez Heart, fait avec une La Marzocco verte et un petit dernier chez Stumptown.
Nombre de livres chez Powell’s City of Books: plus d’1 million!
Cupcakes divins: Noix de coco, le meilleur de notre vie, Red velvet, myrtilles.
Localisation nocturne: Ocean Park, WA


On apprécie encore une fois la facilité de se rendre à l’endroit désiré grâce au GPS lorsqu’on stationne la voiture dans un quartier résidentiel/industriel de Portland. Nous allons boire un café chez Heart, autre torréfacteur de renom dans l'Oregon. L’endroit est rempli d’habitués qui tentent de discuter à travers le bruit de la musique et du Probat, torréfacteur de café, en pleine production. Une série de chaise s’alignent en demi-cercle devant cette machine, comme si on assistait à un cours. On s’y assoit avec nos breuvages et on regarde d’un œil attentif cette grosse bête brunir les grains de café. On apprécie l’endroit et le soin apporté aux détails d’aménagement. Il n’y a pas à dire, ici c’est des passionnés de café.  Avant de quitter, Mathieu se laisse tenter par un espresso et inévitablement, un gaminet arborant le nom du café où on se trouve.


C’est à Portland que se trouve le plus grand magasin de livres neufs et usagés au monde. Powell’s City of Books. Il occupe un pâté de maison sur plusieurs étages, et une carte est nécessaire pour localiser la catégorie de livres recherchée. Mon degré d’excitation face à cette quantité faramineuse de livres m’endommage le cerveau et j’ai un intérêt soudain pour chaque sujet abordé dans les bouquins que nous croisons. Je comprends qu’on n’y passera malheureusement pas la semaine et que je dois donc garder le focus. Nous sommes interpellés par une des sections sur les États-Unis dans laquelle plusieurs étagères sont remplies de livres ayant comme sujet les road trips. C’est très concept avec notre situation, on en choisit donc deux. Je risque une fuite vers les livres de recettes pour m’y cacher lorsque Mathieu a le dos tourné. Il réussit à me faire sortir du magasin grâce à une promesse d’achat éminent de gâteaux.


La ville est beaucoup plus animée qu’hier. On se balade à travers un marché au centre de la ville qui propose des fruits, du pain et des sucreries. L’architecture de Portland est un mélange d’édifices anciens aux détails magnifiques et de bâtiments bêtement banals. Les plus intéressants visuellement sont ceux en briques affichant de vieilles publicités peinturés sur les côtés, ceux avec des escaliers de secours en métal aux fenêtres et ceux qui ont conservés leurs enseignes et qui ont maintenant une allure kitsch. C’est agréable de marcher dans les rues commerciales recouvertes de gros arbres et de constater que certaines façades de magasins n’ont probablement pas changé depuis des décennies.


Notre promenade nous mène bien sûr à une boutique de cupcakes, tel que promit. Chaque fois qu’on entre dans une cupcakerie, on prend une éternité pour tous les regarder et notre choix s’arrête toujours sur ceux à la noix de coco. Par contre, cette fois-ci on ajoute deux cupcakes miniatures à notre commande, histoire de constater l’étendue de leur talent de pâtissier. La cuisine ouverte me donne le goût d’attraper un tablier et d’aller casser quelques œufs. Ils ont une belle sélection de produits sucrés et le décor n’est pas trop nunuche comme se veut la tendance de ce genre d’endroit. Saints Cupcakes est un attrait formidable à Portland.

  

On cherche un camping en bordure de l’océan Pacifique pour y passer la nuit. On se rend à Ocean Park, qui se trouve presque sur la pointe d’une péninsule dans l’état du Washington. Les affiches indiquant la route à suivre en cas de tsunami nous inquiètent un brin, sachant que la largeur de cette péninsule est d’à peine deux kilomètres. Durant l’installation quotidienne de notre chambre à coucher, deux hommes et un sac d’huîtres s’installent à la table près de nous et entame une discussion variée avec Mathieu. On apprendra que le plus vieux des deux est un géologue à la retraite, ancien gypsy dragueur et amateur de fruits de mer. Il nous fait goûter des huîtres fraîchement sorties de l’océan et nous divertis avec des histoires de son époque gitane. Le genre de rencontre agréable qui fait apprécier le camping.

On va faire quelques emplettes à l’épicerie du coin, située juste à côté du magasin d’armes. C’est pratique pour les achats basiques; pain, beurre, lait, balles pour le pistolet, etc.

Le vent de l’Alaska nous garde au frais cette nuit et la corneille dans l’arbre à proximité de notre tente nous garde éveillés très tôt le lendemain matin.  


15 juillet 2012

La journée où on a bu trop de café


Jour: 16 (15 juillet)
Km: 161
État: 2 (OR, WA)
Nombre de paires chaussures apportées par la nomade féminine: 10
Café de la journée: 5, 6 ou 7? Un peu trop d’accord, mais on est à Portland alors faut en profiter!
Localisation nocturne: Vancouver, WA

Lors de la matinée du Jour 1, certaines choses ont dû être laissées de côté, soit par manque d’espace dans la voiture ou parce qu’on s’est dit que finalement, on ne s’en servirait probablement pas. J’avais réussis à cacher plusieurs chaussures dans mon sac, sous mon banc et dans mes bottes de pluie. Évidemment, Mathieu a fini par toutes les voir. Après 15 jours de voyage, on s’était déjà mutuellement félicité de n’avoir rien oublié et utilisé pratiquement chaque item apporté. Tout, sauf les foutus patins à roulettes et les bottes de pluie qu’on devait, chaque matin et chaque soir, déplacer et replacer pour bien structurer la superposition de la tente-chaises-bagages-glacière-livres-et autres-choses-indispensables. Tout ça pour dire à quel point j’étais heureuse qu’il pleuve ce matin-là, parce que j’ai pu justifier les centaines de kilomètres qu’on fait mes bottes de pluie jusqu’ici. 

On s’est rendu à Oregon City, point d’arrivée officiel de l’Oregon Trail. On a croisé sur l’autoroute une affiche indiquant la direction pour aller à Boring, mais avec un nom pareil, cette ville-là n’a tout simplement pas le droit d’être intéressante. On s’arrête plutôt à un café où il semble sympathique d’y passer un dimanche matin. On commande des petits cappuccinos, on nous donne des tasses brûlantes de la grosseur d’une piscine recouverte d’une mousse à s’y méprendre à de la barbe à papa. Déception. On s’attendait à mieux de l’Oregon. On retourne à la voiture et je constate que mes bottes de pluie et mon trench coat sont maintenant tout à fait inappropriés, le soleil brille. On roule vers Portland, où on passera l’après-midi. Dans le stationnement d’un quelconque magasin qu’on croise sur la route, je hurle de rire lorsque j’aperçois une petite cabane à café nommé «Bikini Espresso» et que mon regard se porte sur une jeune femme vêtue de son uniforme de travail, un bikini et des talons hauts. Oui je suis d’accord, c’est pathétique. Manque de chance, Mathieu regardait la route devant lui, il a donc manqué ce bel endroit. Et non, je n'ai pas pris de photos.


On s’est aperçu rapidement que Portland un dimanche après-midi, c’est assez tranquille. La majorité des magasins est fermé et c’était à croire que tout le monde s’était enfermé dans son salon pour un après-midi jeux de société. Mathieu m’annonce qu’il y a quelques endroits où il veut absolument aller. Étrangement, ils ont tous comme point commun d’être des cafés. On parcoure une partie du centre-ville à pied pour se rendre dans le quartier historique, emplacement du plus grand torréfacteur de l’Oregon, Stumptown. On s’assoit au bar afin de pouvoir tout regarder d’une façon qui se veut subtile. Cet endroit nous plait par le décor et nous comble quand on goûte nos cappuccinos. Le barista sur le tabouret à côté de moi porte sur son visage un sourire de satisfaction.  



On règle la question du lunch au Brunch Box, un mec dans un camion qui sert les burgers les plus incroyables qu’on a jamais vu. Une pause s’est imposée lorsqu’on a fini ces burgers de fous. Celui de Mathieu devait avoir 10 pouces de haut tellement il y avait d’items à l’intérieur. Le mien avait une hauteur plus standard, mais les brioches qui remplaçaient les pains en imposaient solidement. Éventuellement, on a réussi à se lever et reprendre notre balade qui nous a menés, mystérieusement, chez Coava, autre torréfacteur majeur de Portland. L’endroit était un mélange d’atelier industriel et d’exposition de pièces en bois. Très masculin et artistique, un brin prétentieux, mais l’un des meilleur espresso que Mathieu aura bu de sa vie. Quand on réalise que notre corps ne peut plus absorber une once de caféine, on part à la recherche de la ville qui nous accueillera pour la nuit. On se devait de revenir le lendemain à Portland, au moins pour voir de quoi la ville à l’air quand il y a des gens dans les rues.
On traverse la frontière pour aller à Vancouver, Washington, dans un camping baptisé Gros Sapins et qui porte étonnamment vraiment bien son nom. On s’aventure vers la ville ou plutôt on roule jusqu’au bout du rang. Difficile de dire si on a plus de chance de trouver une épicerie en allant vers la gauche ou la droite, les bâtiments délabrés de chaque côté sont de piètres indices. De retour sous les gros sapins, on profite des derniers rayons du soleil pour avancer nos lectures respectives. On est conscient et un peu triste que notre voyage s’achèvera bientôt, mais la quantité ahurissante d’araignées et autre insectes non-identifiés dans les douches nous fait rêver à notre éventuelle salle de bain d’appartement.



14 juillet 2012

De la neige en juillet


Jour: 15 (14 juillet)
Km: 370
État: 1 (OR)
Café de la journée: On goûte enfin au sac acheté à Lander, Handsome Roaster. Délicieux, évidemment!
Localisation nocturne: Cascade Locks, OR

Les tranches de pain grillées tartinées de beurre de cacahuètes, ou plus communément appelés les toasts au beurre de pin, ont la faculté de goûter meilleur dans un environnement magnifique. Ce fût le cas ce matin.


L’Oregon est riche en relief. Non seulement les montages qui longent notre route sont colossales, il y en a une au loin qui nous aguiche avec son chapeau de neige. On roule tranquillement vers le nord, en direction de cette neige éternelle. 


Plus on avance vers le Mont Hood, plus l’air se rafraîchit. La pente pour se rendre au pied de la montagne est ardue pour la voiture. Elle l’est encore plus pour les dizaines de motivés et/ou cinglés et/ou 1000 fois plus en forme que nous qui ont choisis le vélo comme moyen de transport. La voiture nous fait savoir par une délicate odeur de brûlé inquiétante que cette ascension n’avait rien de facile. Mais bon sang que ça valait la peine. Il faut avouer que 11 200 pieds d’altitude et de la neige en juillet, ça a quelque chose d'excitant. On laisse passer quelques skieurs en pleine descente pour aller mettre nos souliers sur la neige avec une curieuse exaltation, comme si ce n’était pas quelque chose sur laquelle on marchait la moitié de l’année. 


On est à deux pas du Timberline Lodge, magnifique hôtel de montagne dont l’extérieur à servi au film The Shining, film dont Mathieu m’a parlé brièvement et que je ne regarderai en aucun cas. On y croise quelques sportifs en habit de neige à l’élégante démarche que procurent les bottes de ski. On regarde leurs tuques et  nos culottes courtes avec une certaine absurdité.


Une bouteille d’huile dans la voiture plus tard, on se dirige vers la rivière Columbia, l’odeur de brûlé en moins. On s'arrête dans la vallée achetée un sac de cerises et d'abricots qui viennent d'être cueillis. La Columbia River Highway nous permet d’admirer les montagnes, de suivre la rivière et le chemin de fer dont on pourra constater plusieurs fois au cours de la nuit à venir, qu’il est toujours en fonction. On ne manque pas de s’arrêter à la chute Multnomah, 620 pieds de cascade d’eau étant un attrait majeur. Un couple fraîchement mariés monopolisait le centre du pont, comme si être entouré de 67 touristes hystériques dans l’humidité d’une chute pouvait être la toile de fond d’une photo romantique. On admire la chute et son décor quelques instants, jusqu'à ce que le nombre de personnes au pied carré et le prix indécent des hot-dogs nous fait rendre compte qu’on a eu notre dose journalière de touristes et qu’on devrait peut-être partir à la quête d’un endroit où dormir.


C’était probablement l’une des journées les plus luxueuses en paysages de notre voyage. On a un faible pour ces montagnes qui nous font paraître si petits. On imagine, à la fin des années 1800, les gens qui arrivaient ici après des mois de marche, être éblouie et probablement un peu angoissé par la taille de ces montagnes qu’ils ont dû traverser.


On sélectionne dans mon répertoire un camping comme on choisit, à une certaine époque, une bouteille de vin. Par le nom qui inspire la confiance et le prix catégorie petit budget. Malheureusement, on est dans un périmètre où ça joue dur pour les simples dormeurs sous une tente comme nous. On se voit refuser l’accès d’un camping prétentieux où on se fait regarder de haut par des gens qui ont fait un aménagement paysager autour de leur véhicule récréatif. Tant pis, on rebrousse chemin vers Cascades Locks, après s’être rendu compte que c’est le seul endroit dans les environs où les campeurs bas de gamme comme nous sont acceptés. On fait le tour du camping, à l’affût d’un emplacement. Notre colère envers toute les «roulottes qui auraient bien pu aller dans les campings à roulottes et nous laisser de la place» s’estompe quand on se faufile sur la dernière place disponible. C’est une victoire, qui se transforme en semi-victoire lorsque l'on constate que nos voisins de gauche et de droite ont décidé de nous faire profiter des aboiements de leur chiens. Mathieu rit de moi lorsqu'il y a un qui s'aventure sur notre bout de gazon et que je grimpe sur la table à pique-nique sans réfléchir. Réflexe, je n'y peux rien.

On nous informe qu’il y aura une projection cinématographique ce soir. Apportez vos chaises que l’on nous suggère. N’ayant pas bien compris le sujet du film en question, je me suis dit qu’il y a plus de chances qu'il s’agisse d’une comédie familiale que de The Shining et que ce serait sympathique d’y assister. Pop-corn gratuit étant un argument intéressant. Par contre, trouver l’épicerie, s’exclamer devant les prix absurdes des bouteilles de vin et se scandaliser du prix que l’on paye les mêmes bouteilles au Québec, attraper deux morceaux de porc et quelques légumes et regagner notre table à pique-nique nous a pris un peu plus de temps que prévu. Avec plus d'éléments à cuire que de source de cuisson et la bouteille de vin qui vient de s’ouvrir, le film est loin dans nos priorités. J’apprendrai le lendemain matin lors de mon brossage de dents qu’il s’agissait d’un documentaire sur une mystérieuse inondation dont le lieu et l'année de cette catastrophe sont des données qui m'ont échappées. On passe une magnifique soirée à boire du vin qui serait normalement hors de prix pour nous au Québec, à discuter tranquillement dans la noirceur avec comme trame sonore des chiens qui ont leur mot à dire et des trains qui se moquent de notre soirée. On profite du restant de feu des voisins qui sont allés se coucher et on vote à l'unanimité pour l'ouverture de la deuxième bouteille de vin, que l’on à payer à peine plus cher qu’un deux litres d’Orange Crush. On reste perplexe devant cette bouteille sans bouchon sous le papier métallique. Bizarre. On a fini par la jeter, du coup on aura pas réalisé de grandes économies sur le vin ce soir.   

13 juillet 2012

L'homme et la chèvre


Jour: 14 (13 juillet)
Km: 471
État: 2 (ID, OR)
Café de la journée: Un latté de Hammer Coffee, à Boise, qui a fini dans les poubelles quand on a vu Moon’s Cafe et ses milk-shakes. Beaucoup plus intéressant.
Nombre de magasin fermé dû au manque du facteur «clients» : j’ai perdu le compte.
Localisation nocturne: Prineville, OR

On profite de nos derniers instants dans l’Idaho au Moon’s Cafe, à boire un milk-shake d’environ 3 litres. Cet endroit se veut rétro, mais n’est pas authentique. En effet, Moon’s Cafe a emménagé récemment dans ce local après 50 ans de service à l’arrière d’un magasin de fusils. Le contraste carabine/banana split est un brin excentrique, mais a fait ses preuves comme on dit.


On franchit la frontière de l’Oregon à une heure qu’on pourrait qualifier de tôt. Ou relativement tôt du moins. Notre premier arrêt est l’éblouissante ville Vale. Encore là, l’adverbe relativement pourrait s’appliquer. On fait deux fois le tour du centre-ville tant il y a à voir. Des murales représentant l’Oregon Trail, un motel jaune qui offre des TV couleurs et dont la propriétaire me lance un regard de feu parce que je ris un brin trop fort de son précieux gagne-pain, et les usuels roulottes et magasins louches abandonnés. Une curiosité qui nous a amusés, il y a dans cette ville un Bed & Breakfast qui  a été commandé à partir du catalogue Sears de l’année 1900. On s’est dit que ça valait quand même le détour.



La US-26 nous donne beaucoup à voir dans l’Oregon. On s’arrête à Unity (population 131) faire le plein en n’ayant pas la moindre idée de ce qui nous attendait. La femme qui s’occupe de notre essence nous annonce qu’aujourd’hui, c’est une journée très excitante pour la ville d’Unity. Oui, un homme et une chèvre sont partis de Seattle et veulent (l’homme du moins, la chèvre n’a surement pas eu son mot à dire) se rendre à Time Square, New York. Quelle chance, ils doivent coucher au motel voisin de la station-service, dont la femme est propriétaire. C’est tellement absurde de se trouver dans une minuscule ville, entre deux bouts de déserts, et d’entendre une telle histoire.  Et quel timing excellent, nous les voyons arrivés, par ce chaud début d’après-midi. Un homme et une chèvre. Qui marchent. Pourquoi, on n’en a aucune idée. Mais c’est un moment fort de notre journée à nous aussi.



C’est encore une fois le festival des paysages mirifiques. Nous faisons plusieurs arrêts en bordure de route et beaucoup de photos floues prises en roulant parce qu’on ne peut pas s’arrêter aux 5 minutes. Une grosse charrette sur le bord de la route est nécessairement un arrêt non-négociable. Ça tombait bien, la vue sur les montagnes était jolie, presqu’autant que Mathieu assis sur ladite charrette.


On s’improvise un pique-nique près de ce qui devait être Mount Vernon. Notre souci d’économie nous convainc de manger une soupe aux nouilles bouillante malgré le fait qu’on bouillait nous-même dans l’auto. 0.38$ par pot de soupe est un argument de taille.


On est encore en train de rire de l’homme qui marche avec sa chèvre lorsqu’on s’arrête à Dayville. Principalement parce qu’on s’approche de la déshydratation à grands pas, mais aussi car il y a une reconstitution miniature de façades western. La dame au comptoir du magasin général est très sympathique. Elle profite de notre présence pour nous raconter diverses anecdotes de sa vie. Étant donné une population de 185 personnes, j’imagine qu’elle nous voyait comme un morceau de viande fraîche.


Notre route est devenue un étroit passage entre deux montages immenses. Nous avons roulé plusieurs kilomètres dans cette gorge, où les exclamations de stupéfaction et les «C’est bôôô» façon Mathieu Carrier, n’ont pas arrêtées une seconde.    



Les commerces de la ville Mitchell avaient tous comme point commun l’affiche «Sorry we’re close». Le fait que cette ville soit située dans un trou ET dans un cul-de-sac ne devait pas aider au roulement économique. Peu d’éléments pouvaient nous contredire si on disait qu’on se croyait à la fin des années 1800. Un arrêt qui valait le détour, c'est le cas de le dire.


Prineville annonçait un State Park près de la rivière Ochocos et ça nous semblait l’endroit idéal pour manger un gros morceau de viande sur une table à pique-nique et monter la tente pour la 247 ème fois (du moins c’est ce qui nous semblait). On s’est lancé dans la grande gastronomie raffinée, à savoir un sachet de petites patates, deux gros steaks dans le beurre et une salade pré-déchirée. On s’est même laissé tenter par une bouteille de rouge, le vin étant à des prix complètement dérisoires aux États-Unis. Le soleil s’est couché tranquillement et on a profité de cette belle soirée tranquille éclairée par les chandelles à discuter et à rire, jusqu’à ce que je renverse le fond de mon verre de vin sur ma belle nappe carreauté.    


    

12 juillet 2012

Eviel Knivel: cascadeur, blond et américain!

Jour: 13 (12 juillet)
Km: 408
État: 1 (ID)
Café de la journée: On a laissé faire le café gratuit servi avec les pancakes gratuites, Mathieu à prit en charge notre dose de caféine.
Pancake aux patates : 4, mais bon sang qu’elles étaient grosses (et bonnes).  
Localisation nocturne: Boise, ID

On se lève en hâte ce matin avec tous les deux les mêmes pensées. Des pancakes. Épaisses et recouvertes de sirop. Gratuites. Que des beaux qualificatifs. Nos hôtes nous accueillent dans l’office du camping qui est aussi la salle à manger à temps partiel. La décoration est rustique et spéciale, histoire de rester polie. J’interromps mon intense session de coloriage aux crayons de cire du cheval sur mon napperon pour mimer à la serveuse que je ne veux pas que les jaunes de mes œufs coulent dans l’assiette. Après 26 ans à manger des œufs avec le jaune qui ne coule pas et à appeler ça de cette façon, je suis évidemment bien embêté de répondre clairement à Punky-la-serveuse comment je veux mes œufs. Elle saisit ma demande et je peux maintenant attaquer les 12 points à reliés pour former, je n'aurais jamais deviné, un arbre. Je lis le désespoir dans le regard de Mathieu et il décline mon offre de «à moins qu’on ferait une compétition avec le sudoku sur notre napperon, celui qui le fait le plus vite?» par hochement de tête, de gauche vers la droite. Je me sens un brin jugée mais, ça ne m’empêche pas de commencer à résoudre le sudoku avec conviction. Les crayons de cire prennent le bord, comme on dit, quand nos assiettes de 3 kilos débarquent sur la table. On s’en donne réellement à cœur joie, en se moquant bien du pot de beurre de pin délaissé dans l’auto. On mange beaucoup trop, naturellement.

Notre route nous fait passer par le Monument National, Craters of the Moon. C’est 60 000 acres de lave volcanique dont les premières manifestations remontent à 15 000 ans et les dernières à 2 000 ans. Le nom, Cratères de la Lune, est tout simplement une métaphore, donné en 1924. Une partie de ce site est accessible pour les touristes curieux comme nous. On marche parmi des montagnes de cendres de toutes les formes. Quelques arbustes, armoises de leur vrai nom, amènent une touche de vert dans ce noir à perte de vue. Encore une fois, c’est fascinant d’être témoin de cette réalisation de la nature.



Toujours sur la US-20, Shoshone est la candidate suivante au marathon des villes fantôme de notre parcours. C’est à la fois triste et fascinant de voir des villes usées par le temps. Tant mieux pour moi, qui suis fan des châteaux d’eau, vieilles affiches avec néons et magasins fripés sur le bord d’un chemin de fer rouillé.



La ville Twin Falls nous a grandement choyées visuellement. Nous qui voulions voir des canyons, on se régale. Alors qu’on est en pleine contemplation de ce gigantesque canyon où loge la Snake River, on se dit que Robert, mieux connu sous le nom de Eviel Knievel, devait être un brin timbré pour avoir tenté (et malheureusement échoué) de traverser ce canyon à bord d’une fusée. La vue est spectaculaire peu importe l’endroit où on se trouve tellement le canyon de 500 pieds de profond est immense. Il n’y a pas grand-chose à faire à Twin Falls mis à part apprécier les chutes et répéter inlassablement «Eviel Knievel» sans raison et avec toutes sortes d’accents. Deux activités qui nous occuperont une partie de l’après-midi.



Nous parcourons encore plusieurs kilomètres pour nous rendre à Boise, destination nocturne. Notre route nous amène dans plusieurs petites villes n’ayant qu’une poignée de gens pour population. Le paysage nous enchante, les canyons se succèdent et la chaleur extérieure brûle littéralement nos bras quand on se risque à les sortir par la fenêtre. À 41°C, sur des routes où l'ombre n'existe pas, avec des bouteilles d'eau qui n'attendent que des sachets de thés à infuser, on était à deux doigts de se liquéfier sur nos banc d'auto.  

Boise, prononcé Boy-zi, est la capitale de l’Idaho. Étant une ville universitaire, le centre-ville regorgeait donc de bars et d’étudiants en mal d’identité. Ils portaient tous les mêmes vêtements à tendance hipster et se baladaient sur des vélos qui se veulent vintage. C’est la plus grosse ville qu’on visite depuis un moment et on se dit qu’on serait dû pour une terrasse. On s’assoit à une table ensoleillée, un pichet de bière locale entre nous dans une rue commerciale charmante, à écouter une fille américaine tenté d’expliquer à sa meilleure amie américaine c’est quoi une poutine. Parce que oui, le bar qu’on avait choisi servait des poutines. Mais on sait tous que ça n’a rien à voir.  





On retournait au camping pour éventuellement aller se coucher, alors que la soirée commençait pour les étudiants. Les filles marchaient encore avec une simili-grâce dans leur chaussures hautes comme ma tête. Elles allaient envier mes ballerines d'ici deux heures, j'en suis sûre. L’emplacement de notre tente était à une distance plutôt ridicule du terrain de base-ball municipal. On espérait que les batteurs ne fassent pas de coup de circuit, de peur que la balle atteigne notre domicile. Pourquoi utiliser une lampe de poche pour la lecture avant sommeil quand on a des lampadaires de terrain de base-ball et un tableau indicateur? On a même eu droit à un band qui faisait ce qu’il pouvait pour jouer du Metallica à des partisans déçus par la déchirante défaite des Hawks, l’équipe locale.  Dommage, s’ils avaient gagnés, on aurait pu admirer des feux d’artifices home made, à travers le toit en moustiquaire de la tente.


11 juillet 2012

Journée atomique dans l'Idaho


Jour: 12 (11 juillet)
Km: 350
État: 1 (ID)
Café de la journée: Comme d'habitude, en même temps ça réchauffe les mains et à Idaho Falls, une chaudière de latté.
Nombre de fois où j’ai utilisé l’adjectif «atomique» en parlant d’à peu près n’importe quoi : hummm… beaucoup.
Nombre de fois où on s’est plaint d’avoir chaud : 0, enfin!
Localisation nocturne: Arco, ID

Nous quittons la pointe du Montana dans laquelle nous avons passé la nuit et on franchit l’Idaho. C’est plutôt frais ce matin, ça nous permet de rouler les fenêtres fermées et d’écouter de la musique à un volume raisonnable. On roule sur la US-20 sud, en direction de la ville d’Ashton. Des chutes s’y trouvent et la route pour s’y rendre est encore une fois superbe. C’est un peu brumeux, mais on réussit à distinguer les montagnes en arrière-plan. On rencontre des locaux qui trouvent notre accent charmant. On les retrouve aux chutes Mesa, où le microclimat sur les roches mêlé à la bruine des chutes rend l’endroit réellement féerique. C’est le genre d’attraction qui nous plait bien.



On rebrousse chemin vers Ashton, plus grand producteur mondial de semence de pomme de terre. À l’intersection de la route qui mène vers l’ouest, un authentique drive-in nous fait de l’œil. Ça tombe bien, le moment est toujours bien choisi pour manger un cheeseburger. Mathieu tente de me convaincre que la serveuse viendra prendre notre commande à la voiture, comme dans le temps. Et bien oui, depuis 1965, Frostop Drive-in nous permet de faire les paresseux et de se faire servir un burger et des frites dans la voiture. Par contre, il y a un chouette comptoir et des vieux tabourets qui nous enchantent bien plus que de rester dans la voiture, dans laquelle on passe déjà beaucoup d’heures. Quel bonheur d’être assis au comptoir. La conservation de la décoration et du mobilier est exquise. De même que le toupet de la serveuse, crêpé au maximum. On croit réellement faire un retour dans le passé. On dévore les meilleurs cheeseburgers de notre voyage pratiquement en silence; il y a tant de choses à regarder autour de nous. Définitivement l’un des meilleurs arrêts de notre road trip. Ils ont même leur propre Root Beer. C’est littéralement un musée du kitsh, on adore. On regarde avec regret les milk-shakes, notre estomac ne peut pas en supporter davantage.




Notre prochain arrêt est la ville Idaho Falls. Il ne faut pas s’attendre à y voir des chutes majestueuses malgré son nom, c’est un lac en fait qui se trouve à cet endroit. On tente notre chance au Villa Coffee house, qui se vante d’avoir les meilleurs barista de l’Idaho. Aucun commentaire ne sera nécessaire sur cet endroit. Le magasin d’antiquités au coin de la rue vaut vraiment plus le détour. On y serait restés durant des heures, à fouiller dans chaque étagère. Mais bon, comme l’auto a déjà son quota de trucs à transporter, on ne s’éternise pas trop longtemps. On marche quelques coins de rues, en réfléchissant au concept que San Francisco n’est pas très loin. Dure bataille que se livre la raison et l’envie! On se dit qu’on a un peu de temps pour prendre une décision et que tant qu’à être dans cette ville, autant essayer de trouver une pâtisserie qui fait des cupcakes. On s’est fait passer un sapin par l’affiche, ce n’était pas un cupcake, mais un bol de yogourt glacé. Déçus, on poursuit notre route vers l’ouest à destination d’Arco, prochaine ville ayant la grande caractéristique, entre autre, de posséder un camping.


C’est désertique, autant sur la route que le paysage autour de nous. On croise quelques montagnes de temps à autres, et au loin on en voit des immenses, collées les unes sur les autres. 


Notre entrée dans la ville provoque en moi un émerveillement soudain. On passe devant Pickle’s Place, Home of the Atomic Burger. Un burger atomique?! Bon sang, ça goûte quoi un burger atomique? On ne le saura malheureusement jamais, avaler 2 burgers dans une journée nous semblait au-delà du raisonnable pour notre corps. Dommage.



Cette ville nous apparaît très mystérieuse. D’abord le qualificatif «atomique» qui est omniprésent sur les affiches des commerces. Commerces qui, soit dit en passant, sont complètement défraichis mais rendent la ville si charmante. La ville est construite au pied des montagnes et sur l’une d’elle, plusieurs chiffres ont été peinturés. C’est complètement mort dans le centre-ville et le camping est presque vide. Parfait, c’est exactement ce dont on avait envie. Oh, et en plus, ils nous offrent des pancakes (atomiques) et des œufs demain matin. On ne pourrait pas être plus heureux, surtout après avoir jeté un œil aux douches qui sont super propres. Une collection de casse-têtes encadrés illustrant des peintures de chats décore la pièce, c’est divin.



On profite du moment bien assis dans nos chaises, une bière tablette dans le porte-gobelet. Les montagnes nous entourent et le désir de connaître la signification des chiffres peinturés prend le dessus. Il s’agit en fait d’une tradition tout ce qu’il y a de plus banale et américaine. En 1920, les étudiants qui graduaient cette année-là ont inscrit le chiffre 20 pour symboliser leur school spirit et leurs souvenirs éternels. Cette tradition se poursuit année après année. On s’attendait à un message codé pour communiquer avec des extra-terrestres ou autre chose de farfelue, mais finalement, ça cadre assez bien avec l’ambiance qui règne dans la ville. De plus, Arco est fière d’être la première ville du monde à avoir été éclairée par l’énergie atomique. C’est le genre de petite ville américaine coincée dans le temps qui nous satisfait complètement. On s’endort en se faisant à croire que nous sommes couchés sur un matelas atomique, heureux.